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 Arctus Tyr

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Arctus Tyr

Arctus Tyr


Nombre de messages : 10
Age : 37
Date d'inscription : 03/07/2010

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MessageSujet: Arctus Tyr   Arctus Tyr Icon_minitimeJeu 8 Juil - 16:42

Halte-là citoyen! Contrôle d'identité...


Nom : Tyr
Prénom : Arctus
Surnom : Arc

Race : Phalène
Sexe : Homme
Âge : ?
Origine et lieu de villégiature : Aldussante, une petite ville autrefois humaine. A présent détruite.

Fonction : On me considère comme le bras droit du mage. C'est un statut que je ne nie pas, mais qui est manifestement erroné étant donné que je ne reste avec lui que par intérêt. Je pourrais certes le quitter et m'en aller barouder du jour au lendemain, mais sa foi en la cause qui l'anime est proche de celle qui m'émeut moi-même. Je n'ai pas la stupidité nécessaire pour renier un coup du destin aussi grandiose que la rencontre d'un être puissant qui se dirige dans la même direction que moi. Alors va pour "bras droit". Je n'ai que faire du nom qu'on me donne. L'important est au delà.

Appartenance : Je n'appartiens à personne ni à rien. Aucune famille, aucun ami, aucune nation ni tradition. Je peux comprendre que ces concepts soient rassurants. Que certains aient besoin d'attaches pour que leur vie ait un sens. Mais très franchement, je n'ai jamais rien croisé qui m'ait intimement convaincu que ce soit également mon cas. La puissance de l'obscurité suffit à se sentir chez soi n'importe où. L'ombre est omniprésente. Celle que crée le soleil et celle qui habite les hommes.

Réputation : Je suis souvent perçu par ceux qui me croisent plus comme un mercenaire apathique et sans savoir que comme un réel bras droit. La vérité est toute autre. Mais le meilleur déguisement est parfois l'ignorance même des gens. Elle me permet de concentrer mes efforts sur l'essentiel, ce qui est un confort dont jouissent peu de personnes. Oui, je suis cruel. Non, je ne fais preuve d'aucune pitié. Côtoyer la médiocrité pendant des siècles a dû finir par limiter mon indulgence. Même si ce n'est pas pour autant que je ne fais pas preuve de respect envers ceux qui le méritent

Sentiment(s) à l'égard des autres races : Plus que de races, c'est d'êtres vivants en général dont il est question. Je n'apporte d'importance qu'à ma propre personne. Le reste n'est qu'ombre et lumière


Je vous en prie, allongez-vous sur le divan
et parlez-moi de votre enfance



Histoire :



Welcome to the machine

Mets un genoux au sol, regarde moi dans le seul oeil qui me reste et dis moi que tu désires t'élever au dessus de tout. Maintiens le contrôle de ce qui te fait face. L'univers n'est pas qu'espace. Il est le temps, la vie, la mort. Le reste n'est que néant. Et de néant, il n'est pas encore question pour le moment. Ferme la main et presse la vie à même ta paume et tes phalanges. Goûte à la mort. La douceur d'un soulagement attendu, il n'est pas de pareille jouissance.


Papa frappe maman. Je l'entends crier dans le salon, en bas. Mais j'ai pas peur pour elle. J'ai plus peur pour mon petit frère qui est encore dans son ventre. Des fois je me dis que si papa tape trop fort, il va sortir d'un coup et ça va lui faire mal de tomber par terre. A mon avis si ça arrive il va mourir. J'ai préféré aller rassurer Félicia dans sa chambre. Elle est plus petite que moi alors je dois bien le faire puisque personne d'autre peut. Le pire c'est quand papa laisse maman par terre sur le carrelage du salon. Elle saigne pas mais même, elle va finir par vraiment se faire mal. A mon avis, papa devrait utiliser ses muscles pour la protéger. Je comprends pas pourquoi il fait ça. Si j'étais grand pareil je protégerais Félicia. Et peut-être aussi maman même si je l'aime pas.

Maman est partie. C'est ce que dit papa. Moi je pense qu'il l'a tuée, et mon petit frère avec. Mais du sang nulle part alors je dis à Félicia qu'elle est en vacances pour prendre l'air et que le bébé se sente bien. A mon avis, maintenant que maman est plus là, papa va se calmer. Si ça se trouve, ce sera mieux comme ça vu que si elle est pas là, y'aura plus de dispute. Félicia pleure quand même, c'est normal, elle est pas bête. Elle sait aussi que papa a dépassé les bornes la dernière fois. Même si je l'ai rejoint dans son lit pour lui boucher les oreilles et lui faire un câlin, elle a entendu les cris. Elle a que dix ans et moi j'en ai douze alors il faut bien que je joue mon rôle.

Ça fait qu'une semaine que maman est partie. Papa est bizarre. Il fait comme si elle était encore là. Il fait pas la cuisine, range rien et nous lève même pas le matin pour l'école. Et vaut mieux pas qu'on le dérange parce qu'il fait que boire des bières et fumer quand il rentre le soir. Alors c'est moi qui fait tout pour Félicia. Elle me demande dans combien de temps maman revient, et je lui dis que ce sera pas long. Mais je sais pas combien de temps je vais pouvoir lui dire ça. Au moins y'a plus de cris le soir. J'ai pas tellement envie qu'elle revienne, maman. Je pense que c'est mieux comme ça. C'est plus calme. Et j'aime bien.

Papa m'a dit que maintenant ma chambre ce serait l'ancien bureau de grand-père. Il a mis un lit dedans mais j'aime pas parce que ça pue le vieux bois pourri. Y'a plein de vieux livres sur des étagères et le bureau est rempli de papiers auxquels je pige rien. Félicia avait pas l'air très contente non plus mais elle a rien dit. Je peux même plus aller la consoler quand elle pleure la nuit, et ça par contre ça me dérange vraiment. Papa a dit qu'on était trop grand pour dormir dans la même chambre maintenant. Moi je pense qu'on en a rien à faire du moment qu'on peut rester ensemble quand ça va pas. En plus il ferme à clef quand je vais me coucher.

Ca fait deux semaines que je dors là, et j'ai trouvé une clef sous un angle du tapis. Je l'ai essayée en cachette et elle ouvre la porte. J'ai prévenu Félicia et elle a souri. Ça la rassure de pouvoir venir me voir en cachette quand elle va pas bien la nuit. Faut la comprendre aussi, je crois qu'elle a très peur de papa et qu'elle sait maintenant que maman ne reviendra jamais. Je suis le seul membre de la famille en qui elle a confiance à mon avis. J'ai attendu qu'il soit tard pour m'endormir, au cas où elle viendrait, mais elle n'a pas tapé à la porte, alors elle a dû s'endormir déjà.

Mais alors que je ferme les yeux j'entends papa qui marche sur le plancher du couloir. J'entends un bruit que je connais bien aussi. Celui d'une bouteille vide qui tombe par terre. Je regarde la porte au cas où il s'arrêterait devant, mais il continue de marcher. D'instinct, je sais qu'il vient d'entrer dans la chambre de Félicia. Là je me lève parce que je sens mon cœur battre dans ma poitrine. J'ai peur qu'il la frappe maintenant que maman est plus là. Ca c'est hors de question. Je cours jusqu'à la porte et l'ouvre avec ma clef, puis sors dans le couloir. La porte à l'autre bout du couloir est entrouverte, et la lumière est éteinte à l'intérieur. Je regarde la bouteille de bière vide à ma gauche. Je l'attrape. Au cas où.

J'arrive devant la porte, sans bruit. J'ai la bouteille à la main même si je sais pas trop ce que je ferais avec. Mais je laisserais pas papa taper Félicia. Je m'en fiche s'il me tape moi, mais elle je la protège. Je lui ai promis. J'entrouvre un peu plus, sans faire de bruit, mais la porte cache encore le côté de la chambre où est le lit. J'entends pas de bruit. Mais j'ai pas rêvé quand même. J'hésite pendant quelques secondes et puis j'entends Félicia. Ou plutôt j'entends quelque chose d'étouffé, comme un sanglot qu'elle aurait retenu. Là je sais pas pourquoi mais j'ouvre la porte en grand et j'allume la lumière, avec ma bouteille brandie comme une massue, et je reste sans voix tellement la terreur me serre le ventre.

Je vois papa, la tête penchée vers moi, surpris, les yeux grands ouverts. Félicia est couchée sur le lit, la couette est par terre, sa culotte descendue à ses genoux. Elle ferme les yeux et elle pleure en silence. Papa a une main sur son ventre et il me regarde comme les criminels regardent la police dans les séries télé. Et moi je dois pas avoir l'air beaucoup mieux à voir. Il se lève, titube un peu. Je reconnais son regard. Il est complétement bourré. Je tremble comme une feuille. Il avance vers moi. Ses mains, c'est comme des mains de géant. Je lâche la bouteille. Félicia se tourne vers moi et crie à papa d'arrêter. Il s'arrête devant moi, et c'est comme une montagne qui me tombe dessus. Quand il m'attrape par le col, je sens que je vais m'évanouir.


~


Ça fait deux semaines que ça s'est passé, et j'ai encore des bleus. Je crois que papa est fou. Il m'a enfermé dans le bureau. Je serais bien sorti par la fenêtre, mais c'est trop haut et il n'y a aucun moyen de partir par là. J'ai bien regardé. Maintenant je l'entends tous les soirs aller dans la chambre de Félicia, et je ne peux rien faire. J'ai pas pleuré, mais c'est pas l'envie qui manque. Je sais pas pourquoi j'y arrive pas. Il me nourrit même pas. Je vais mourir ici. Enfermé comme un animal. J'ai commencé à manger le papier, et aussi les vieux cigares qu'il y a dans le tiroir. Je bois l'eau contre les carreaux quand il pleut. J'en peux plus. J'ai rien pu faire pour ma sœur. Je me sens tellement coupable, et seul aussi. Je me demande si y'a un traitement de faveur pour les enfants comme moi une fois qu'on meurt. Mais je suis sûr que non.

J'allais m'endormir mais j'entends gratter à la porte. J'ouvre mes yeux en grand et je regarde. Rien. Alors je vais tout contre. Et là j'entends Félicia qui chuchote. Je perçois d'ici qu'elle pleure.
- Prie avec moi, Arctus. Prie pour qu'on s'en aille loin. Qu'on trouve un moyen.
- Papa t'a fait du mal ?
- Prie avec moi.
Et puis je l'entends prier en sanglotant, la tête contre la porte. Et là je pleure aussi. C'est libérateur. Je me sens mieux, et tellement mal aussi. Et je commence à prier, en posant ma tête contre la sienne au travers du bois noir, dans l'ombre. J'ai pas peur du noir de toute façon. Je ferme les yeux et je prie. De toutes mes forces. A m'en faire exploser la tête. On a plus que ça elle et moi.

Je ne vois pas le temps passer. J'y pense plus. Et d'un coup, alors que j'allais m'endormir en psalmodiant doucement, je sens un truc. Je rouvre les yeux et je vois quelque chose apparaitre devant moi. Sous la porte. Un genre de dessin étrange. Un cercle avec plein de signes dedans, qui luisent de violet.
- Tu vois ça ? dis-je à ma sœur à travers la porte.
- Oui. C'est le ciel qui répond. Prie encore.
Là, j'y crois. Je prie avec encore plus de ferveur. Ça va marcher. C'est dingue. Je pleure encore, mais de joie. Et encore, et encore. Et des signes apparaissent, et le cercle se dessine de plus en plus distinctement. Et puis il cesse de luire. Et puis plus rien. Il est là, par terre. Magnifique et inutile.
- Tu crois qu'il faut faire quelque chose avec ? dit Félicia.
- Je sais pas. Il faut...
Et là, j'entends un bruit. C'est papa qui arrive. J'entends Félicia s'enfuir dans le couloir. Puis j'entends papa passer en reniflant. Je me baisse et regarde par dessous la porte, mais je ne vois que ses pieds nus se diriger vers la chambre. Là je panique. J'appuie sur le cercle, je le frotte. Je souhaite intérieurement qu'il arrive quelque chose, qu'on sorte, qu'on soit à dix mille kilomètres d'ici dans l'instant. Mais il ne se passe rien, et j'entends Félicia crier, puis c'est le silence.

Quand je me réveille le lendemain, le cercle a disparu. En regardant bien, je vois que le parquet a légèrement changé de couleur, mais c'est tout. Mon ventre me fait mal. Je gratte le sol au niveau de la porte frénétiquement. J'ai pas rêvé, c'est pas possible. Et dans un cri de douleur, je me relève avec un ongle cassé jusqu'à sa moitié. Je craque. Et je sais pas trop comment mais je finis par m'évanouir, alors que je viens de dormir près de douze heures. Trois jours passent, et j'ai plus entendu Félicia. Seulement papa qui passe dans le couloir des fois. Tout à coup, le téléphone sonne. Personne ne répond, ça sonne dans le vide. Puis ça sonne de nouveau. Et une troisième fois. Et finalement plus rien. Je m'en rends pas bien compte, mais je crois que je me bave dessus. Je suis couché sur le ventre, la tête sur le côté. Le regard dans le vide. Mon ventre me fait mal. Ça tambourine dans ma tête. J'aimerais mourir tout de suite... Je ferme les yeux. Je me demande si je les rouvrirais.

J'entends qu'on défonce la porte. Il y a un voile flou devant mes yeux. J'entends des gens qui se baissent sur moi. Pas papa. Je sens qu'on me porte. On m'emmène dans une voiture. On me fait des trucs, je sais pas trop. Une piqure. On me met des tuyaux dans la bouche. On me parle, mais j'entends que des échos que je comprends pas. Je pense à Félicia. Je sens distinctement une larme qui coule du coin de mon œil jusqu'à mon oreille. J'ai pas... Je sais pas... C'est... Je...




You're in the army now


Tu es différent des autres. Tu n'as pas en toi la peur viscérale qui fait reculer les hommes. Tu es plus animal qu'humain quand sur toi s'abattent les foudres qui font plier les autres. Pour autant, tu n'as pas à te sentir à part. Tu fais partie d'un tout qu'une seule règle régit. Car devant une trop grande puissance, les querelles s'effacent pour laisser place à la seule évidence valable. La fourmi et le lion sont égaux face à l'extraordinaire force de l'univers.


- C'est la meilleure chose à faire, Arctus. Votre sœur va faire des études, mais vous, vous n'êtes pas... Enfin vous avez besoin d'un cadre.
- Oui madame.
- Et puis vous avez des affinités pour le sport. Vous avez du caractère. Vous allez vous épanouir. Ce sera mieux que de finir dans les rues après avoir raté un cursus scolaire.
- Oui.
- Je ne m'en fais pas pour vous. A 17 ans, il n'y a rien de mieux pour former un jeune homme que l'armée. Ca va vous donner des bases essentielles que vous n'avez pas eu dans votre enfance. Et je pense que vous n'êtes pas contre le fait de quitter notre institution. Non pas que vous soyez un voyou. Je n'ai jamais entendu mes éducateurs se plaindre de vous. A vrai dire, votre dossier est parfait, si ce n'est vos résultats scolaires déplorables. Les faits sont là, ne le prenez pas comme un reproche. Vous êtes d'accord, de toute façon, n'est-ce pas Arctus ?
- Oui.
Je regarde l'assistante sociale d'un air éteint. Elle me sourit, mais je vois très bien qu'elle me considère comme de la merde. Elle et sa petite vie parfaite de citoyenne modèle. Avec son décolté plongeant, son maquillage de pute et ses talons aiguilles. Elle croit savoir ce qui est bon pour moi. Je t'emmerde, madame. Moi et mes résultats, on te chie à la gueule, connasse.

- Tu reviendras me voir ? me demande Félicia d'un air triste. Une mèche de cheveux bouclés cache sa joue droite. Et d'une main tendre je la replace derrière son oreille.
- Je n'ai pas fait tous ces efforts pour te retrouver et te quitter ensuite, lui dis-je d'une voix rassurante. Tu n'as plus peur dans le noir de toute façon, pas vrai ?
- Je peux faire semblant, si tu veux.
Je lui souris, mais elle ne me rend pas mon sourire. Ses yeux verts en amande supplient les miens de comprendre qu'elle a raison et que je fais une erreur. Mais je ne peux pas faire autrement que de la prendre dans mes bras pour lui chuchoter que je reviendrais. Je sens dans mon cou ses larmes qui coulent et se collent à ma peau. Elle est tellement fragile, depuis toujours. Je caresse ses boucles blondes en lui disant que ça se passera bien. Je lui dis que tout ira bien. Je me trompe, mais je ne le sais pas encore.


~


- Hé, Arctus ?
Je tourne la tête vers Roland. Il a vraiment une sale gueule.
- Tu as une petite pépé qui t'attend chez toi ?
Je pense à Félicia.
- Non.
- Eh ben moi, j'ai une petite bomba latina qui m'attend pour que je lui fasse un petit. Ça m'aide à tenir. Tu devrais t'en trouver une pendant ta prochaine perm'. J'te jure, ça aide. T'as l'air d'un cul quand tu te bats pour rien.
Je t'emmerde, sale con.
- T'as peut-être raison, Roland.
- Un peu, ouais. Et toi, Damian ? T'as une...
Je préfère ne plus écouter ce pauvre type. Je fais une rapide mise en état de ma situation. Une introspection comme dirait le psy. Je suis à dix mille kilomètres de tout ce qui a un sens pour moi. Entouré par tous les rebuts de la société. Le sergent chef est un connard et mes camarades n'ont rien dans le crâne. Permission de se sentir seul ? Refusée. Je jure que je me barre de cette armée merdique dès la fin de mon contrat. Putain, comment j'ai pu accepter ça ? Comment avait-elle dit déjà... Ah oui. "Des bases essentielles et épanouissantes pour une vie saine." Je me marre.

Le sergent chef entre dans le dortoir où moi et mes six camardes adorés poussons de la fonte.
- Messieurs, votre permission est annulée.
Je pense que je vais tuer ce type.
- Nous sommes entrés en guerre ce matin à 5 heures.
Donnez moi une arme que j'aille me défouler un peu. N'attendez plus. Mes camarades s'affolent comme des mouches autour d'une crêpe au sirop d'érable. Putain, qu'est-ce que je paierais pas pour qu'ils apprennent le sens du mot fierté.
- Rendez-vous en salle de réunion dans dix minutes. Vous êtes pas prêts de revoir vos mères.
Ma mère est morte, connard, merci de demander.

Le lieutenant Gauth se tient devant une map-monde envoyée sur le mur par un projecteur. Deux de mes abrutis de collègues s'amusent à y faire des ombres chinoises avec leurs doigts tandis qu'il nous explique qu'on va tous crever.
- Ils sont apparus en masse au milieu de la nuit ici, ici, ici, ici...
Ils nous montre rien moins que la totalité du globe, en fait.
- Ils se sont autoproclamés des "vampires".
J'entends des rires, des chuchotements. Ils sont peut-être en train de se rendre compte que c'est sérieux, cette fois.
- Étant donnés les infos qu'on a de la part des services de renseignements sur place, ils sont plus rapide et plus forts que nous. Ils sont très nombreux. En fait, il semblerait que ce soit une attaque préméditée depuis un bon bout de temps. Autant vous dire que nous sommes grandement désavantagés. La seule riposte possible est une frappe directe.
Et ça a quinze ans d'armée derrière lui pour trouver cette brillante idée. Je suis épaté. Je lève la main. Le lieutenant finit son petit discours à la con et me pointe du doigt. Je me lève.
- Est-ce que ce sont de "vrais vampires" ?
Tous les yeux se détournent de moi pour fixer en silence le lieutenant Gauth qui semble quelque peu gêné par ma question.
- Nous ne le savons pas encore.
Ce que cet enfoiré ne dit pas, c'est qu'à cet instant, on les a déjà vu en train de vider des gens de leur sang pour s'en nourrir. Et qu'ils ne se montrent que la nuit.

- Allô ?
- Salut Lili.
- Arctus ! Où es-tu ?
- Loin.
- Ah... Tu vas bien ?
- Et toi ?
- Je ne sais pas. C'est la panique ici depuis que... Enfin c'est dingue. Et toi, tu te bats ? Je pense à toi tout le temps. Ça me fait très peur.
- Oui, je me bats. Ne t'inquiète pas pour moi.
- Comment tu veux que je ne m'inquiète pas...
- Écoute, je n'ai que deux minutes. Dis moi où tu es.
- Pas loin de la fac, dans mon studio. Aux infos, ils disent de ne pas sortir de chez soi. Mais bon je suis au huitième, ils risquent pas d'entrer.
- Tu devrais appeler la gendarmerie la plus proche de chez toi et demander à faire partie des prochains à entrer dans les bunkers.
- J'ai essayé, ça sonne occupé tout le temps.
- Insiste. Ne quitte pas ton téléphone tant que tu ne les as pas eu.
- D'accord Arctus. Promis.
- Bon... Je vais te laisser. Y'a un con qui me pousse au cul derrière.
- D'accord... Je...
- Oui c'est toi que je traite de con, tu veux qu'on en discute ?
- Arctus ?
- Ta gueule, attends ton tour ou je t'en mets une. Ta gueule. Allô ?
- Oui ? Arctus, tu me manques.
- Tu me manques aussi.
- Reviens en vie.
- Prends soin de toi, petite sœur.
- Toi aussi.
Il me semble entendre autre chose quand je raccroche le combiné. Mais trop loin de mon oreille, ça m'échappe.
- C'est bon, t'as fini avec ta chère petite sœur ? me lance le type derrière moi. Je lui assène un coup de tête au niveau des dents avant de retourner à mes quartiers.

- Caporal ?
Je me tourne et regarde avec noirceur le bleu qui tremble comme une feuille derrière moi.
- Quoi ?
- J'ai peur.
Putain qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça.
- Dis ça à ton arme, Valiant.
On s'apprête à aller poser des explosifs autour d'un manoir infesté de vampires. Parait-il que parmi eux, il y aurait un gros bonnet. Un type important. Ça ferait bien sur mon CV si ça réussissait. Je me couche dans la neige et je commence à ramper, avec mon matos et ma tenue de camouflage. L'air que je recrache s'échappe dans une vapeur qui me fait mal aux lèvres. Derrière moi, les trois membres de mon équipe font de même pour se diriger vers les autres coins de la baraque. Je me pose en silence et commence à opérer. J'aimerais pas être à la place de ceux qui vont se prendre la déflagration dans la gueule. Je vois des formes s'agiter derrière les fenêtres en ombres chinoises. Je me fixe. Je fais corps avec le sol. Si je me fais choper, je suis mort. Et ce serait le bordel si ça arrivait.

Le travail est fini. Impeccable. Je m'applaudirais si je pouvais. Je recule doucement, toujours couché. Les autres me rejoignent un quart d'heure plus tard. Ils me font signe que tout roule. J'attrape le détonateur dans ma poche. Je fous ma tête dans la neige, comme un animal apeuré. J'appuie. Et je n'ai plus qu'à imaginer le magnifique feu d'artifices qui explose devant nous, pulvérisant les vampires dans une gerbe étincelante au milieu de la nuit. Rien qu'au bruit, je frémis de plaisir. Ça a vraiment dû leur éclater le cul. On rentre à la base en nous faisant réceptionner à cent mètres au sud. On nous dit qu'on vient d'opérer une mission cruciale pour l'humanité. Ca n'a duré qu'une heure en tout pourtant, sur place. On me promet une grande carrière de mineur-démineur. Et moi, je m'en branle. Je ne me rends pas encore compte à quel point tout ça va influencer mon futur. Et aussi le futur de quelques dizaines de milliers de personnes. Le lieutenant qui sourit en me serrant la main ne se rend pas compte, lui non plus, qu'il serre la main de son futur meurtrier.

Quelques temps plus tard, je suis sergent. J'ai une chambre plus grande et des perm' de temps en temps. C'est un luxe. Et j'en profite. Le seul problème, c'est qu'avec cette putain de guerre, impossible de mettre fin à mon contrat qui devrait pourtant déjà être terminé. Je reste là comme un con à apprendre des techniques de plus en plus pointues pour créer et désactiver des bombes. Un boulot qui me plairait bien, si le contexte était différent. C'est très ludique et plutôt distrayant. Mais rien ne vaut la semaine que je passe tous les trois mois avec Félicia. Ça, c'est vraiment le pied.

Elle est couchée sur son lit, ses lunettes sur le nez. Une vraie intello. Et moi maintenant, j'ai pris en taille et en muscle. Je m'en rendais pas vraiment compte avant qu'elle ne me serre de nouveau dans ses bras. Au début j'ai pensé qu'elle était devenu plus frêle et même plus petite. Mais c'est moi qui ai grandi et qui suis devenu massif. Comme quoi, c'est vrai. L'armée, ça forme un jeune homme. Elle lit un bouquin de langues étrangères. Moi, j'ai rien trouvé de mieux que de tordre un à un les trombones qu'elle a posé sur son bureau. Je fais des formes avec. Des petits arcs pour tirer des flèches en y accrochant un élastique. J'ai l'air d'un con. Et j'ai plus l'habitude d'être habillé en civil. Un jean noir et une chemise blanche. Y manque qu'une cravate et j'aurais l'air d'un employé de bureau.

- Un peu baraqué pour un employé de bureau, non ? Me dit-elle. Et moi j'ouvre de grands yeux.
- Pardon ?
- Ben oui, avec tes muscles tu...
- Non mais... Comment tu as su à quoi je pensais ?
- Tu l'as dit tout haut Arc...
Je réfléchis en fronçant les sourcils. Je suis certain de n'avoir rien dit à voix haute.
- Félicia...
Je m'approche d'elle et je me mets à genoux devant le lit où elle reste à mâchouiller son crayon d'un air détendu.
- Là je pense à quoi ?
Elle me regarde. Elle sourit un peu, me fait des yeux de chat et repousse une de ses mèches derrière son oreille.
- Je sais pas. Un animal ?
- Oui ! Lui dis-je sans entendre que je viens de crier. Elle se raidit, l'air presque apeurée, puis devient sérieuse.
- Vraiment ?
- Oui, quel animal ? Concentre toi.
Elle plisse un peu les yeux et a l'air de manquer de confiance, mais de s'appliquer.
- Un... Un renard. C'est un renard ? Qui marche dans... Une forêt... La nuit... Il poursuit un lapin...
Mes yeux s'éclairent au fur et à mesure de sa description d'une perfection sans faille.
- Ah, il l'a attrapé.
C'est exactement à ça que je pense. Putain de bordel.
- Évite de jurer, ça ne te va pas.
Je suis sur le cul.

On a passé la semaine à tester le don Félicia. C'est incroyable. Elle est capable de lire les pensées des gens à plus de dix mètres dans la rue. Plus elle se rapproche, plus elle entend distinctement. Quand à moi, elle me lit comme un livre ouvert, écrit en gros
- Si ça se trouve, je pourrais finir par discuter avec toi quand tu seras à des milliers de kilomètres ! Me dit-elle, agitée comme une puce.
- Heu... Je te crois capable de tout... Mais quand même...
- J'y arriverai !
C'est magique. Je n'avais plus vu cette lueur dans son regard depuis notre enfance. Quand notre père est mort au volant, complétement ivre, et qu'on est venus nous récupérer chez nous car personne ne nous avait plus vu depuis un mois, la DDASS nous a séparé et on a à jamais perdu ce qu'il y avait de pur en nous. Elle, elle est devenue une jeune fille timide et renfermée sur elle même, en proie à la dépression et aux tentatives de suicide. Moi, je suis devenu un genre de... Fantôme plein de haine. Au final, j'ai l'impression que c'est cette semaine que nous nous sommes vraiment retrouvés. Comme si on avait ouvert la porte qui nous séparait pendant notre enfance. Celle qui aurait dû s'ouvrir... Mais qui nous a caché l'un à l'autre durant des années.

La gare. J'ai mon sac sur le dos et ma sœur dans les bras. Pas envie de partir.
- Je veux pas non plus... Me souffle-t-elle à l'oreille.
- La guerre ne va pas durer des années encore... Ce sera bientôt fini. Là je me barre et je m'installe chez toi.
- Ce serait bien. Tu trouveras un travail et on prendra un truc plus grand.
- Une fille de ton âge devrait habiter avec son petit ami...
Là, elle ne dit rien. Et je sais pourquoi. Elle n'est toujours pas remise de ce qui s'est passée avec notre père. Parfois, j'aimerais qu'il ressuscite. Juste pour pouvoir le tuer moi-même.
- Ne t'inquiète pas, Arc...
Le type au sifflet sonne le coup d'envoi. J'embarque. Je ne dis rien à ma sœur. Elle sait ce que je pense en ce moment. Et ça vaut mille discours. Tout à coup, alors qu'elle quitte mon champ de vision, je crois entendre quelque chose dans ma tête.
- Je me sens seule.
C'est sa voix. Elle est vraiment douée.



Demolition man


J'ai versé du plomb fondu dans un grand trou d'eau froide, creusé à même le sol gelé, puis, après un court instant pendant lequel j'ai fermé les yeux, j'ai regardé au fond pour voir l'image qui s'y était formée. Rien... qu'une petite boule grisâtre, parfaitement sphérique, sans la moindre aspérité visible à l'œil nu, comme si elle était mordue par un acide invisible, attirée sur son propre centre par quelque force mauvaise, très concentrée, sans autre souci que celui de ne pas se gaspiller, s'éparpiller.


La guerre est finie. La guerre commence. Les vampires et les humains ont laissé la place aux phalènes. Ils se proclament "élus". Et après, quoi encore ? Des dieux descendus du ciel ? A croire que c'est comme les virus. Tu crois commencer à régler le problème et t'as un truc encore plus infâme qui te tombe sur la gueule. Ça commence à jouer avec mes nerfs. Moi je m'en fous pas mal de me battre contre ces nouveaux messies venus de nulle part. Et puis, j'ai mal à la tête. C'est cet enfoiré de Roland qui cire ses chaussures près de moi. Ça m'exaspère. Mon crâne va finir par exploser si ça continue. Une chose est sûre. Soit cette guerre va se finir très vite. Soit ça va durer éternellement.

~

Dix ans ont passé. Les populations du monde entier se sont retranchées dans des abris anti-atomiques. Et nous, on est les seuls couillons à crapahuter dans la campagne pour défriser le crâne à ces espèces de vampires upgradés. Personne au gouvernement n'a été foutu de comprendre d'où ils sont sortis. Même pour les vampires on avait plus d'informations. C'est dire. Ils ont attendu que je signe mon contrat pour tous sortir de leur grotte ou quoi ? Ça commence sérieusement à me trotter. Et cet enfoiré qui fait des abdos. Ça fait crisser le plancher en dessous de lui. Depuis quand ce plancher fait un tel bruit ? Mes tympans vont pas le supporter longtemps.

Deux jours que je suis dans mon lit à me retourner avec une fièvre de chacal. Putain, mais arrêtez de parler autour de moi. C'est quoi cette infirmerie où tout grince ? Mais vos gueules merde ! Et là j'ai un blanc. Quand j'ouvre les yeux on me braque. On me dit que j'en suis un. Un quoi ? Un phalène ? Depuis quand ? Aucune réponse. On me fout dans une geôle avec cinq autres types et on me laisse pourrir. Ça me rappelle des mauvais souvenirs. J'aime pas être enfermé, même si j'ai pas peur du noir. Et le mec à côté de moi a les dents qui grincent. Grince des dents encore une fois, connard, et je vais te faire grincer la gueule. On nous transfère. On nous fout dans un camion pour nous emmener je ne sais où. On est enchainés comme des animaux. Et moi je pige que dalle.

Par contre, je me sens plus fort qu'avant. Plus vif, aussi. Et j'ai la dalle. Mais j'ai pas envie de manger. C'est étrange. C'est ça, être un phalène ? Alors j'en suis vraiment un ? Et merde, j'ai pas signé pour ça... Remarque, je me sens pas si mal. Je comprends qu'ils se prennent pour des élus. On se sent carrément bien quand nos sens sont décuplés. Le camion s'arrête brusquement et je suis projeté en avant sur un de mes collègues qui rend ma chute moins désagréable. J'entends des cris. Des coups de feu. Je dis aux autres de se fermer leurs gueules. Et la porte saute devant nous. Droit hors de ses gonds. Un type nous fait face. Il est couvert de sang, et c'est apparemment pas le sien. Pas de doute, c'est un phalène.
- Sortez, mes frères. Vous êtes sauvés. Bienvenue dans le camp des vainqueurs.
Lui, il sait comment me parler.

On nous emmène dans un endroit que j'aurais jamais cru voir de l'intérieur. La place forte des grands de ce monde. Putain, ces types ont déjà pris le Douât. J'en déduis que nos dirigeants sont en charpie. On me signifie que ma réflexion n'a rien d'absurde. Là, on est accueilli comme des frères. On va gagner la guerre qu'ils disent. Moi je me demande si Félicia est en lieu sûr. On nous montre nos nouvelles capacités, et les gars et moi, je dois avouer qu'on s'éclate. Pourquoi pas après tout. Ils nous emmenait surement pour nous tuer, à l'armée. Bon, va pour ce camp ci. De toute manière, c'est une sacrée bonne façon de mettre un terme à mon contrat avec panache.


~


Un siècle a passé. Les anciens disent que nous sommes immortels. La guerre s'est terminée trois jours après ma transformation. Sans gouvernement, les humains ont dû se plier aux règles du traité qu'ont proposé les phalènes. Quant aux vampires qui ne comptaient à l'époque que sur leur supériorité raciale, il s'est avéré qu'ils étaient tombés sur plus forts qu'eux. Je regarde ma sœur. Elle aussi, éternelle à présent. Elle est maintenant capable d'entendre des pensées sur cinquante mètres et de comprendre celles des animaux. Moi, je n'ai aucun pouvoir à ma connaissance, et cela me convient. Je n'ai pas besoin de ce genre de choses, tant que Félicia est à mes côtés. Il semble qu'enfin, la paix à laquelle nous aspirions soit arrivée.

En effet, la paix règne sur notre monde depuis plusieurs décennies à présent. Je suis devenu colonel au sein de la nouvelle armée phalène. Une armée vouée à la protection des peuples. Et Félicia est un des professeurs les plus demandés du moment. Son dernier livre a été un réel succès, et les conférences occupent tout son temps. Elle l'a mérité, et je suis heureux pour elle. Ensemble, nous regardons par la fenêtre, animés par la même pensée. Ce qui nous arrive est juste. Nous n'avons pas volé, loin de là, ces années de calme. Un calme qui durera aussi longtemps que les phalènes règneront. Car nous sommes un peuple sage. Un peuple né dans la violence qui a arraché sa liberté par le sang. Mais comment l'obtenir autrement ?

Plus tard, je suis couché sur mon lit, dans ma chambre. Au travers du mur, Félicia me dit bonne nuit en pensée. Tout est parfait. Plus de cris. Plus de mal. Plus de guerre. Plus de parents infâmes. Seul le silence, et avec lui un flot de rêves qui se profilent dans ma tête. Une nuit sans égale valeur. J'allume mon holo-télévision, curieux des nouvelles du monde. Et mes yeux s'ouvrent avec consternation.
- ...Velle spéciale. Une flotte de vaisseaux armés ont été filmés par nos satellites les plus éloignés. Ces vaisseaux se dirigent sans aucun doute vers notre planète, et leurs positions semblent ne pas laisser planer de doute sur leurs intentions. Le gouvernement prépare en ce moment même un conseil extraordinaire en réponse à ce qui semble être une tentative d'invasion éclair par une force extra-terrestre. Bien que les experts proclament que rien n'est encore prouvé quant à leur véritable but, les images que...
Mon portable sonne. Je l'allume immédiatement et le colle à mon oreille sans détacher mon regard de ce qui défile devant moi.
- Colonel Tyr ?
- J'ai vu. J'arrive.
- Arc ? Entends-je dans ma tête. Je te sens mal à l'aise. Tu vas bien ?
Je sors de ma chambre et enfile mon uniforme en toute hâte.
- Qu'est-ce qu'il y a, Arc ?
- Regarde l'holovision.
Elle n'a pas le temps de me répondre que déjà j'ai refermé la porte de l'entrée.

- J'ai fait aussi vite que possible, Général.
- Je sais, colonel. Nous avons tous fait au plus vite. Asseyez vous.
Je m'assois à une table ronde où une trentaine de hauts gradés de toutes les armées confondues siègent, la mine sombre. Je dois sûrement me fondre parfaitement dans la masse étant donné mon état. Le général prend la parole.
- Messieurs, nous faisons face à un drame sans précédent. Je vais vous faire visionner l'unique message qui nous est parvenu depuis l'espace.
Un silence de mort se crée alors qu'un hologramme apparait au milieu de la table. Nous sommes tous pendus aux lèvres de cet être aux yeux cuivrés dont le visage force le respect.
- Bonjour à vous. Je parle en ce lieu au nom de tous les telians.
Quelques chuchotements.
- Nous venons à vous dans le but d'acquérir vos humains. N'opposez aucune résistance. Nous ne tenons pas à nous perdre en une guerre inutile. Préparez dès maintenant vos humains à un transfert vers notre vaisseau mère et il ne vous sera fait aucun mal.
Là, ce sont des cris qui retentissent.
- C'est intolérable !
- Édifiant !
- C'est une mauvaise blague ?!
Je reste silencieux, toisant avec mépris cet être dont l'attitude scandaleuse me hérisse tous les poils du corps.
La fin du message est du même acabit. Et chacun des membres de l'assemblée finit apathique lorsqu'il touche à sa fin. Une chose est sûre. Ces telians vont rencontrer un léger problème à leur arrivée, s'ils sont sérieux. Et hélas, ils semblent l'être. Sans aucun doute.

- Arc, ça va ?
- Prends tes affaires.
- On va où ? Dis moi ce qui se passe. Ce que je vois sur l'holovision me fait peur.
- Je ne peux rien te dire.
- Alors on va où ?
- Toi, tu pars à Aldussante. Il y a peu d'humain, là bas.
- La ville de notre enfance ? Pourquoi aller là bas ? Ça fait quoi qu'il y ait peu d'humains ?
Je me tourne vers Félicia et pose mes mains sur sur petites épaules tout en happant son regard dans le mien.
- Félicia. Fais ce que je te dis. C'est la guerre.
Elle me fixe quelques secondes, l'air secouée. Puis elle se retourne et part faire ses affaires. Moi, j'attrape le strict nécessaire de mon matériel. Nos adieux seront brefs. J'embarque dans l'heure pour le vaisseau mère de la flotte phalène tandis qu'elle part vers Aldussante. Quand je pose mes lèvres sur ses joues, je ne me doute pas que c'est la dernière fois que je respire son odeur, que je vois luire ses yeux de chat. Que je la vois respirer.
- Reviens moi en vie, Arc.
- Toujours, Lili.

Par la suite, les batailles font rage dans l'espace. Les telians gagnent du terrain, puis en perdent, colonisent certaines de nos planètes et parfois battent en retraite. La lutte est serrée. Difficile. Ce sont de fins stratèges, mais nous aussi avons de nombreuses guerres derrière nous. Chaque jour est un défi à relever pour chacun des deux camps. Et les humains, coincés dans l'étau de nos races, ne peuvent que subir les assauts. L'ancien lieutenant Gauth, à présent Amiral, donne les ordres sur le vaisseau où je me trouve. C'est le plus immense des croiseurs de la flotte phalènes. Un point fort de notre armée. Il transporte des ogives nucléaires prêtes à être tirées, et d'innombrables canons laser. Les mois passent, et les assauts s'intensifient. Je ne sais plus quand j'ai dormi pour la dernière fois. Mais qu'importe. Félicia ne sera pas l'esclave d'un peuple auto-proclamé supérieur. Et cette pensée me donne du courage, jusqu'au jour où tout bascule.

Je suis sur le pont, en train de donner des directives à mes hommes, et je sens vibrer le micro dans mon oreille. J'appuie dessus pour entendre la transmission.
- Colonel Tyr, vous êtes mandaté en salle de réunion pour une mission d'ordre critique.
Je délaisse alors mes occupations pour m'y diriger, ouvre le sas et salue les hauts gradés présents. Une fois tous assis, l'amiral Gauth nous fait part de la mission.
- Messieurs, il semblerait que ce soit un bon jour pour les phalènes. Nos gars du renseignements viennent de nous faire parvenir une information de la plus haute importance.
Nous nous faisons plus silencieux que nous ne l'étions déjà.
- Deux des membres de la famille principale des Telians sont sur l'une de nos planètes en voie de colonisation, au même endroit et en même temps. Il semblerait qu'ils soient de passage pour une mission diplomatique secrète. Nous n'en savons pas plus mais c'est largement suffisant. Autant vous dire qu'une frappe à l'endroit précis où il se trouvent pourrait faire pencher la balance de manière radicale.
Une question retentit.
- Où sont-ils situés ?
- A Aldussante.
Mon coeur fait un bon dans ma poitrine. Aldussante. L'endroit où j'ai envoyé Félicia. Je reprends en tentant de garder mon calme.
- Mais... Je croyais qu'il n'y avait que très peu d'humains là bas. Qu'iraient-ils faire à cet endroit précis de la planète ?
- Détrompez vous, colonel. Depuis quelques mois, les humains se sont regroupés massivement dans la région d'Aldussante et des villes avoisinnantes. Il semblerait que ce mouvement ait convaincu les telians de s'intéresser à l'endroit afin d'en extraire un maximum de personnes dans leur optique esclavagiste. C'est une aubaine pour nous. Si nous frappons fort et juste, nous pouvons ébranler leur gouvernement et créer des failles dans lesquels nous nous engouffrerons. La frappe nucléaire de la zone est prévue dans trois heures exactement, à 18h22.
- Une frappe nucléaire ? N'est-ce pas un peu démesuré ?
- Nous ne voulons courir aucun risque. Nous devons absolument les tuer tous.
- Mais enfin, la zone est habitée par des milliers d'humains. Peut-être qu'une action menée par une petite troupe d'élite...
- Nous ne pouvons nous permettre d'échouer. Ces mesures sont regrettables mais il nous serait impossible de mener des hommes de front face aux forces telianes présentes sur place. Vous imaginez bien que deux membre de cette famille seront protégés comme de l'or, voire mieux. Et les telians comprendront jusqu'où nous sommes capables d'aller pour les détruire. Cela va les affecter stratégiquement, gouvernementalement et moralement.
Je ne sais pas quoi répondre. C'est de la folie. Si seulement Félicia n'était pas là bas. Je dois la prévenir. Au plus vite.

J'attends la fin de la réunion avec impatience, et dès qu'elle se termine, je fonce vers mes quartiers afin de téléphoner. Je ferme ma porte à clef et me précipite vers mon interface de communication. Je compose le numéro me permettant d'accéder au secteur d'Aldussante, et c'est une voix digitale et vaguement féminine qui me répond.
- Il est actuellement impossible de joindre ce reseau. Veuillez réessayer ultérieurement.
Je réessaie plusieurs fois pour le même résultat. Fébrile, je sors de ma chambre et vais au centre des communications du vaisseau pour exposer mon problème.
- C'est tout à fait normal, colonel, me répond la jeune fille à qui j'ai affaire.
- Pourquoi ?
- Parce qu'il est interdit sur ordre de l'amiral Gauth de prendre contact avec ce secteur depuis envirion deux heure et pour une durée indeterminée.
Mes poings se referment avec force. Je sens la colère m'envahir.
- Vous désiriez joindre quelqu'un en particulier ?
Je dois la prévenir. Trouver quelque chose.
- Colonel ?
Je retourne à mes quartiers. J'entre de nouveau dans ma chambre et m'assied face à mon bureau, la mine noire. Je ferme les yeux et réfléchis. Que puis-je faire ? Comment la prévenir ? Je dois trouver un truc. Je ne la laisserais pas mourir. Merde. Que faire ? Il n'y a rien à faire. Si seulement je pouvais me téléporter jusqu'à elle. Trouver un moyen de lui parler. Voyager dans le temps, n'importe quoi. Merde, il est déjà 17h. Merde.

Ma tête est posée contre mon bureau. Mes yeux sont fermés. Je réfléchis depuis... Je ne sais pas, je n'ai pas compté. Il me faut un moyen. Je ne veux pas qu'elle meure. Elle ne doit pas mourir. Elle ne peut pas. Il ne faut pas. Je ne sais pas. Ma tête va exploser. Je ne trouve pas. Félicia...

Et puis je sens quelque chose. J'ouvre les yeux. Et devant moi, sur le bureau, je vois quelque chose se former. Un cercle se dessine, et d'étranges signes le parcourent. Etrangement, il me semble familier. Luisant de violet, il semble s'imprégner dans le métal du meuble comme tracé par un pinceau invisible. L'air abasourdi, je le regarde se compléter doucement, jusqu'à ce qu'il cesse de luire. Il est magnifique, et me fait penser aux runes que l'on trouve dans d'anciennes civilisations. Et bien que les centaines de signes minuscules qui le forment soit incompréhensibles pour moi, j'ai la sensation d'avoir déjà vu ça quelque part. En témoigne la suprise, présente mais limitée, qui me prend en ce moment. Où ai-je déjà vu ça ? Je fouille dans ma mémoire sans réussir à trouver. Et alors que je pose ma main sur la rune étrange pour vérifier si elle est imprimée en relief sur le bureau, je sens un choc extrêmement violent. Comme si je venais de me prendre la foudre en plein coeur, et à travers tout le corps. Ce que je ne vois pas, c'est que je viens de disparaitre de la pièce.

En une fraction de seconde, le néant m'englobe. Et je sens une poussée d'une puissance incroyable m'emmener en avant au travers du vide. Je me sens écrasé par la force qui m'attire, comme si j'étais dans une fusée au décollage. Je n'ai pas le temps de comprendre ce qui m'arrive que je vois au loin s'éclairer le vide. Des milliards de petits points lumineux foncent vers moi. Où est-ce moi qui fonce vers eux ? Puis je crois comprendre que je suis dans l'espace et que ce sont des étoiles qui me font face. Mais la violence de la poussée est tellement insoutenable que je ne peux que subir en espérant ne pas m'évanouir. Le "voyage" dure environ dix secondes. Les étoiles filent de tous les côtés autour de moi, à une vitesse iréelle. Je vais finir écraser par la poussée. C'est du moins ma pensée une seconde avant d'être projeté droit hors de cet espace. Ma main est toujours posée sur la rune, mais la pièce est différente autour de moi. Je suis dans une chambre. Je lève les yeux et je crois rêver.




Et toi, tu crois aux fantômes?


Arcanes : Ténèbres
Pouvoirs/dons : Portes de l'ombre, ailes du démon corbeau
Et au combat ? Rien de tel qu'une salve de calibre 12.

Signe(s) particulier(s) : Une cicatrice sur la joue gauche, fissurant le visage de la paupière inférieure jusqu'au cou.
Objet(s) fétiche(s) : Le dog-tag d'une armée oubliée


Autre précisions : Fiche en construction !
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Arctus Tyr

Arctus Tyr


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MessageSujet: Re: Arctus Tyr   Arctus Tyr Icon_minitimeVen 16 Juil - 23:01


Arctus Tyr Albumpicphpt

Félicia Tyr


Une jeune fille est assise sur une chaise dans une pièce carrée. Devant elle, une table. A sa droite, un miroir sans teint derrière lequel deux hommes en noir la regardent. Un homme, du même genre, entre.
- Bonjour mademoiselle Tyr. J'imagine que vous savez pourquoi vous êtes ici.
Un autre homme entre et ferme la porte. Il tourne en silence autour de la table et y pose une petite mallette en cuir noir.
- Vous êtes là pour mon frère. Vous n'arrivez pas à le trouver alors vous pensez que je vais vous aider.
L'homme silencieux ouvre la mallette.
- Vous voyez juste, mademoiselle Tyr. Comme vous le savez, votre frère est un criminel de guerre recherché dans l'univers, doublé d'un fuyard depuis quelques jours.
- Écoutez inspecteur, je n'aime pas vos méthodes. Et je connais mes droits. Rien ne m'oblige à assister à votre petite séance d'intimidation. Vous vous prenez pour q...
L'homme silencieux, qui avait discrètement sorti une seringue de sa malette, vient de piquer la jeune fille au cou. Dans la seconde, elle se tait, puis sa tête tombe en avant. L'homme referme la mallette et sort, la laissant seule avec l'inspecteur, qui attend quelques secondes avant de reprendre.
- Mademoiselle Tyr ?
Elle relève la tête, les yeux dans le vague.
- Oui.
- Vous m'entendez bien ?
- Oui.
- Vous allez répondre à toutes les questions que je vais vous poser. Avec autant de détails que possible.
- Oui.
- Très bien...
L'homme s'assoit en face d'elle, souriant. Calme. Il pose ses mains sur la table et ajoute :
- Démarrons doucement. Quel est votre nom ?
- Félicia Marie Tyr.
- Et celui de votre frère ?
- Arctus Kerian Tyr.
- Pourriez vous me faire une description physique détaillée de lui ?

Description physique :
- Arctus est grand. Presque deux mètres. Et il est très musclé. Ce n'est pas le genre de garçon que l'on prend pour cible dans la rue quand on veut menacer les gens pour leur faire les poches. Il est blond, cheveux courts plaqués en arrière. Et des yeux verts comme les miens. Il a toujours cet air décidé et un peu triste sur le visage. Ce n'est pas qu'il a l'air méchant. Non, il a l'air déterminé. Il a des yeux de chien battu. et une cicatrice sur la joue. Due à la guerre contre les vampires. Une voiture avait explosé devant lui. Sa démarche est comme son regard. Il transpire la confiance en lui. Quand il va quelque part, on a l'impression que rien ne peut l'arrêter. A moi, il m'a toujours fait l'effet d'une machine de guerre, surtout quand il est en colère. C'est le genre de charisme que l'on attribue souvent aux leaders de type guerrier. C'est un soldat et ça se voit. Il est...
- Ça ira, ça ira. Auriez-vous des précisions à me donner sur sa psychologie, sa manière de penser ?

Description psychologique :
- Il ne faut pas se fier à son air strict. Arctus est d'une grande ouverture d'esprit. Il a beaucoup lu, c'est un homme intelligent et un stratège. Le métier qu'il exerçait dans l'armée a augmenté son sang-froid et diminué sa peur du danger en général. Quand il se fixe un objectif, il vaut mieux ne pas être sur son chemin. Il peut être sans pitié si on essaie de lui marcher sur les pieds. Il est torturé, noir, à cause de la vie difficile qu'il a eu. Je ne dirais pas qu'il est traumatisé, mais il a développé un sens aigu pour la survie. Il a œuvré sur des planètes montagneuses où règne un froid polaire, ainsi que sur des planète tropicales où les conditions de vie ne permettent normalement pas aux humains de prospérer. Il est dur, parfois radical dans ses idées, caractériel... Je dirais pour ma part que c'est un rêveur qui fera tout pour accéder à ce qu'il désire, même s'il doit l'arracher à un prix très élevé.

- Vous pensez qu'il serait prêt à tuer pour vivre ?
- Oui.
- Et pour échapper à l'Alliance ?
- Je vous conseille de ne pas le prendre à la légère. Il sait s'adapter aux situations difficiles.
- Savez-vous où il se trouve en ce moment ?
- Non.
L'inspecteur lâche un léger soupir énervé, et continue son interrogatoire.
- Avec-vous une idée d'où il peut être ?
- Non.
- Connaissez vous les pouvoirs de votre frère ?
- Mon frère n'a pas de pouvoirs.
L'inspecteur hausse un sourcil, la regarde d'un air sceptique et se tourne vers le miroir sans teint. Après quelques secondes, une voix retentit dans un haut-parleur au coin du mur.
- Le sérum fait effet. Apparemment, elle ne sait rien là dessus. Veuillez continuer.
L'inspecteur hausse les épaules.
- Bien, connaissez vous un endroit que votre frère aurait choisi plutôt qu'un autre pour fuir l'Alliance ?
- Non. Mon frère a beaucoup voyagé. Il n'est pas du genre à s'attacher facilement à un endroit. Je suis la seule personne qui le rattache à cet univers, pour ainsi dire.
- Vous voulez dire qu'il viendra à vous un jour où l'autre ?
- Oui.
Le problème, c'est que Félicia ne sait pas que son frère la croit morte. L'Alliance le sait. L'inspecteur le sait. Mais pas elle.
- Donc, s'il sait que vous êtes à un certain endroit, il accourra. C'est bien ça ?
- Oui.
- Merci beaucoup mademoiselle Tyr. Votre coopération nous est d'une grande aide...
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Arctus Tyr
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